Dysphagie neurogène
La dysphagie est l’un des symptômes les plus courants et les plus dangereux de nombreuses maladies neurologiques. Le plus souvent, c’est un accident vasculaire cérébral qui cause le trouble de la déglutition: au cours de la phase aiguë, au moins 50 % des patient·es souffrent de troubles de la déglutition après un accident vasculaire cérébral. Au bout de 6 mois, plus de 10 % souffrent encore d’un trouble de la déglutition ayant des conséquences sur leur état nutritionnel: une méta-analyse montre que la prévalence de la carence alimentaire est de 19 % en phase hyperaiguë, de 37 % en phase subaiguë précoce et de 30 % en phase chronique. Par ailleurs, des dysphagies peuvent survenir au cours de maladies évolutives comme la démence, la maladie de Parkinson ou la sclérose en plaques. Au cours de maladies évoluant rapidement, comme la maladie de Huntington ou la sclérose latérale amyotrophique, presque toutes les personnes concernées auront une dysphagie.
[Sources:
Dziewas R., Pflug C. et al., Neurogene Dysphagie, S1-Leitlinie, 2020, in: Deutsche Gesellschaft für Neurologie (Hrsg.), Leitlinien für Diagnostik und Therapie in der Neurologie. Online: AWMF Leitlinienregister (abgerufen am 01.03.2023);
Wirth R, Dziewas R, Jäger M. et al. Leitlinie der Deutschen Gesellschaft für Ernährungsmedizin (DGEM) in Zusammenarbeit mit der GESEKES, der AKE, der DGN und der DGG: Klinische Ernährung in der Neurologie. Aktuelle Ernährungsmedizin 2013; 38: 257-282;
Huppertz V, Guida S, Holdoway A, Strilciuc S, Baijens L, Schols JMG, et al. Impaired nutritional condition after stroke from the hyperacute to the chronic phase: a systematic review and meta-analysis. Front Neurol. (2022)]
Dysphagie d’origine tumorale, cancer de la tête et du cou
Pour les patient·es ayant un cancer de la tête et du cou, la consommation de nourriture constitue souvent un défi. En fonction de la taille de la tumeur, de sa localisation, du type de traitement et de la durée depuis la fin du traitement, jusqu’à 71 % des patient·es souffrent de troubles de la déglutition, ce qui nécessite un changement ou une modification des habitudes alimentaires. Cela peut entraîner une perte de poids parfois importante chez 80 % des personnes concernées
[Source:
Hutcheson, K.A.; Nurgalieva, Z.; Zhao, H.; Gunn, G.B.; Giordano, S.H.; Bhayani, M.K.; Lewin, J.S.; Lewis, C.M. Two-year prevalence of dysphagia and related outcomes in head and neck cancer survivors: An updated SEER-Medicare analysis. Head Neck 2019, 41, 479-487, doi:10.1002/hed.25412]
Presbyphagie ou dysphagie liée à l’âge
La diminution des muscles avec l’âge est un processus tout à fait normal et affecte également les muscles de la déglutition. À cela s’ajoute une diminution de l’élasticité du tissu conjonctif, une diminution de la production de salive ainsi que de l’odorat et du goût. Ces changements se produisent très lentement, sont généralement très bien compensés et ne nécessitent aucun traitement (pour la presbyphagie primaire). Une maladie supplémentaire, comme une infection urinaire, ou un événement comme une fracture peut entraîner une presbyphagie secondaire, car les faibles réserves disponibles sont épuisées, ce qui peut entraîner une dysphagie avec des limitations sévères.
Cela concerne près de 14 % de l’ensemble des personnes âgées autonomes, environ 30 % des personnes soignées à domicile, plus de 50 % des personnes vivant dans un établissement de soins et environ 70 % des patient·es gériatriques séjournant à l’hôpital. Compte tenu de l’évolution démographique, les troubles de la déglutition liés à l’âge prennent une place de plus en plus importante dans le quotidien clinique.
Les personnes âgées souffrant de troubles de la déglutition sont souvent sous-alimentées, ce qui engendre des conséquences graves, comme la diminution des performances physiques et mentales et, en fin de compte, augmente leur fragilité et leur fait courir le risque de perdre leur autonomie.
[Source:
Muhle et al. Schluckstörungen im Alter. Physiologie und Pathophysiologie. Nervenarzt 2015.86.440-451;
Dziewas R., Pflug C. et al., Neurogene Dysphagie, S1-Leitlinie, 2020, in: Deutsche Gesellschaft für Neurologie (Hrsg.), Leitlinien für Diagnostik und Therapie in der Neurologie. En ligne: Registre des lignes directrices de l’AWMF (consulté le 1/03/2023)]
Dépistage d’une carence alimentaire
La dysphagie est considérée comme un facteur de risque majeur de carence alimentaire; c’est pourquoi l’état nutritionnel général doit toujours être surveillé chez les personnes concernées ou à risque. Différentes méthodes de dépistage, telles que le Malnutrition Universal Screening Tool (MUST) pour adultes, sont disponibles pour détecter d’éventuels déficits nutritionnels.
[Sources:
Wirth R, Dziewas R, Jäger M. et al. Leitlinie der Deutschen Gesellschaft für Ernährungsmedizin (DGEM) in Zusammenarbeit mit der GESEKES, der AKE, der DGN und der DGG: Klinische Ernährung in der Neurologie. Aktuelle Ernährungsmedizin 2013; 38: 257-282]